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La transformation des politiques agricoles en Syrie sous Assad : du soutien de l’État aux perturbations en temps de guerre et l’émergence de nouveaux acteurs agricoles.

Avant le déclenchement du conflit syrien en 2011, la politique agricole en Syrie était marquée par une approche centralisée et étatique. Le gouvernement de Bachar al-Assad avait hérité d’un système agricole qui, bien que diversifié, souffrait de nombreux défis structurels. Les politiques agricoles étaient principalement orientées vers l’autosuffisance alimentaire, avec un accent particulier sur la production de blé et de coton, deux cultures stratégiques pour l’économie syrienne.

Le pays, qui avait une histoire riche en agriculture, se trouvait à un carrefour où les réformes étaient nécessaires pour moderniser le secteur. Les investissements dans les infrastructures rurales, tels que les systèmes d’irrigation et les routes, étaient essentiels pour soutenir la productivité agricole. Cependant, ces investissements étaient souvent inégaux, avec des régions comme la plaine de l’Euphrate bénéficiant de plus d’attention que d’autres zones moins favorisées.

De plus, la bureaucratie lourde et la corruption au sein des institutions agricoles limitaient l’efficacité des politiques mises en place. Les agriculteurs étaient souvent confrontés à des prix contrôlés par l’État pour leurs produits, ce qui réduisait leur capacité à investir dans leurs exploitations.

Résumé

  • La politique agricole sous Assad avant le conflit :
  • Politique centrée sur l’autosuffisance alimentaire
  • Subventions et soutien financier aux agriculteurs
  • Contrôle étroit de l’État sur les terres agricoles
  • L’impact de la guerre sur les politiques agricoles en Syrie :
  • Destruction des infrastructures agricoles
  • Perte de terres agricoles
  • Difficultés d’accès aux intrants agricoles
  • Les nouveaux acteurs agricoles émergents :
  • Émergence de coopératives agricoles
  • Augmentation de l’agriculture urbaine
  • Participation croissante des ONG dans le secteur agricole
  • Le rôle de l’État dans la transformation des politiques agricoles :
  • Réorientation des politiques vers la sécurité alimentaire
  • Promotion de l’agriculture durable
  • Mise en place de programmes de soutien aux agriculteurs
  • Les défis et perturbations rencontrés par les agriculteurs :
  • Perte de revenus
  • Accès limité aux marchés
  • Risques liés à l’insécurité et aux conflits armés

L’impact de la guerre sur les politiques agricoles en Syrie

Le conflit syrien a eu des répercussions dévastatrices sur le secteur agricole, qui était déjà fragile avant 2011. La guerre a entraîné une destruction massive des infrastructures rurales, y compris des fermes, des systèmes d’irrigation et des routes essentielles pour le transport des produits agricoles. Les combats ont également provoqué le déplacement de millions de personnes, y compris de nombreux agriculteurs qui ont fui les zones de conflit.

Cette migration a conduit à une perte significative de main-d’œuvre dans le secteur agricole, aggravant encore la crise alimentaire dans le pays. En outre, les politiques agricoles ont été profondément affectées par la fragmentation du territoire syrien. Différentes régions sont désormais contrôlées par divers groupes armés, chacun ayant ses propres priorités et stratégies agricoles.

Cela a conduit à une situation où les agriculteurs doivent naviguer dans un paysage complexe de réglementations et de taxes imposées par ces groupes, rendant la planification et la production agricoles encore plus difficiles. Les pénuries de semences et d’engrais, exacerbées par le conflit, ont également eu un impact direct sur la capacité des agriculteurs à produire suffisamment pour subvenir aux besoins de leur famille et de leur communauté.

Les nouveaux acteurs agricoles émergents

Avec l’effondrement des structures étatiques traditionnelles, de nouveaux acteurs ont émergé dans le paysage agricole syrien. Des organisations non gouvernementales (ONG) et des groupes communautaires ont commencé à jouer un rôle crucial dans le soutien aux agriculteurs touchés par la guerre. Ces organisations offrent non seulement une aide humanitaire immédiate, mais elles s’engagent également dans des initiatives de développement durable visant à revitaliser l’agriculture locale.

Par exemple, certaines ONG ont mis en place des programmes de formation pour enseigner aux agriculteurs des techniques agricoles modernes et durables. De plus, le marché noir a vu le jour en réponse aux pénuries de produits agricoles et aux restrictions imposées par les différents groupes armés. Ce marché informel permet aux agriculteurs de vendre leurs produits directement aux consommateurs, contournant ainsi les intermédiaires souvent corrompus ou inefficaces.

Cependant, cette situation crée également des risques pour les agriculteurs, qui peuvent être exploités par des acheteurs peu scrupuleux ou confrontés à des violences liées à la concurrence pour les ressources.

Le rôle de l’État dans la transformation des politiques agricoles

Malgré la guerre et la fragmentation du pays, l’État syrien a tenté de maintenir une certaine forme de contrôle sur les politiques agricoles. Dans certaines zones sous son contrôle, le gouvernement a mis en place des programmes d’aide pour soutenir les agriculteurs touchés par le conflit. Cela inclut la distribution de semences et d’engrais subventionnés ainsi que l’accès à des crédits agricoles à faible taux d’intérêt.

Cependant, ces efforts sont souvent entravés par la corruption et l’inefficacité bureaucratique qui caractérisent encore le système. Parallèlement, l’État a également cherché à renforcer son autorité en promouvant des projets d’agriculture intensive dans certaines régions. Ces initiatives visent à augmenter la production alimentaire et à réduire la dépendance vis-à-vis des importations.

Toutefois, ces projets sont souvent critiqués pour leur manque de durabilité et leur impact environnemental négatif. La pression exercée sur les ressources naturelles, notamment l’eau, soulève des préoccupations quant à la viabilité à long terme de ces politiques.

Les défis et perturbations rencontrés par les agriculteurs

Les agriculteurs syriens font face à une multitude de défis dans le contexte actuel. La destruction des infrastructures a rendu difficile l’accès aux marchés pour vendre leurs produits. De nombreuses routes ont été endommagées ou sont devenues dangereuses en raison des combats, ce qui complique le transport des récoltes vers les centres urbains où la demande est plus forte.

De plus, les pénuries d’eau dues à la guerre et au changement climatique aggravent les conditions de culture, rendant certaines terres arables moins productives. Les agriculteurs doivent également faire face à l’incertitude liée aux conditions sécuritaires. Les conflits armés peuvent éclater à tout moment dans certaines régions, rendant impossible toute planification à long terme pour les cultures.

Cette instabilité pousse certains agriculteurs à abandonner leurs terres ou à se tourner vers des cultures moins risquées mais moins rentables. En conséquence, la production alimentaire nationale a chuté dramatiquement depuis le début du conflit, exacerbant la crise humanitaire en Syrie.

Les initiatives de soutien à l’agriculture en temps de guerre

Face à cette crise sans précédent, plusieurs initiatives ont été mises en place pour soutenir l’agriculture en temps de guerre. Des ONG internationales comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont lancé des programmes d’urgence visant à fournir une assistance directe aux agriculteurs. Ces programmes incluent la distribution de kits d’outils agricoles, de semences résistantes aux conditions climatiques extrêmes et d’engrais.

En outre, certaines initiatives locales ont vu le jour pour encourager la résilience des communautés rurales. Par exemple, des coopératives agricoles ont été formées pour permettre aux agriculteurs de partager des ressources et d’accéder ensemble aux marchés. Ces coopératives offrent également un espace pour échanger des connaissances et des pratiques agricoles durables.

Ces efforts communautaires sont essentiels pour reconstruire le tissu social dans les zones rurales dévastées par la guerre.

La reconstruction et la réforme des politiques agricoles post-conflit

À mesure que le conflit s’estompe lentement dans certaines régions de Syrie, la question de la reconstruction agricole devient cruciale. Les experts s’accordent à dire que toute stratégie de reconstruction doit inclure une réforme profonde des politiques agricoles afin d’assurer une durabilité à long terme. Cela pourrait impliquer une décentralisation du système agricole pour donner plus de pouvoir aux communautés locales dans la prise de décision concernant leurs ressources.

Les réformes pourraient également inclure l’adoption de pratiques agricoles durables qui tiennent compte des défis environnementaux croissants tels que le changement climatique et la dégradation des sols. L’intégration de technologies modernes dans l’agriculture pourrait également jouer un rôle clé dans cette transformation. Par exemple, l’utilisation de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte pourrait aider à économiser l’eau tout en augmentant les rendements agricoles.

Les perspectives pour l’avenir de l’agriculture en Syrie

L’avenir de l’agriculture en Syrie dépendra largement des efforts collectifs pour reconstruire le pays après des années de conflit dévastateur. Les perspectives sont mitigées : d’une part, il existe un potentiel énorme grâce à la richesse naturelle du pays et à son savoir-faire agricole traditionnel ; d’autre part, les défis structurels et environnementaux restent considérables. La communauté internationale joue également un rôle crucial dans cette dynamique, car elle peut fournir un soutien technique et financier essentiel pour relancer le secteur.

Il est impératif que les futures politiques agricoles soient inclusives et tiennent compte des besoins des agriculteurs locaux tout en intégrant des pratiques durables. La participation active des agriculteurs dans le processus décisionnel sera essentielle pour garantir que les réformes répondent réellement aux réalités du terrain. En fin de compte, si ces défis peuvent être surmontés, il est possible que l’agriculture syrienne puisse non seulement se rétablir mais aussi prospérer dans un avenir post-conflit.

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